FOR A FEW SHORT STORIES MORE #10

 

Hello Kiddies !

Vous revoilà déjà, errant dans les sous-sols poisseux de la Cabane de la peur, à réclamer piteusement votre maigre ration de chair en putréfaction et d’hémoglobine frelatée. Suivez-moi et évitez de soutenir trop longtemps les regards des rats qui vous scrutent. Ils sont un poil susceptibles et quelques secondes seulement suffiraient pour qu'ils vous rongent tout entier jusqu'aux os !

Aujourd'hui, je vais vous lire une petite sélection de mes brèves favorites, issues de la rubrique Chiens écrasés (par un 36 tonnes (plusieurs fois de suite (encore et encore))) du célèbre mensuel de l'étrange : EERIE POST

Voilà ce que l’agent d’entretien de la Cabane de la peur appelle du journalisme les enfants !

Le Mal absolu tient dans votre poche

Il paraitrait que le mal absolu existe vraiment. Il se trouverait actuellement dans l’arrière-salle d’une collection privée, maintenue en vie dans un épais bocal de verre parfaitement sécurisé et étanche. Il veillerait ainsi au milieu d’un fatras de bizarreries aussi fascinantes que dérangeantes, quelque part entre un fétus à deux têtes et un manuscrit recouvert de peau humaine, attendant patiemment son heure. L'histoire raconte qu'il viendrait d'une autre strate de la réalité et qu'il ne mesurerait guère plus de huit centimètres de hauteur. Un enfant peu attentif pourrait aisément le confondre avec l’une de ses petites figurines articulées de type GI Joe. L'énigmatique propriétaire de ce dangereux cabinet des curiosités n’ouvrirait les portes de sa collection qu’une seule fois par an, la nuit de la Samain. Inutile de chercher ses coordonnées sur internet, les visites se feraient uniquement sur invitation et c’est le collectionneur en personne qui sélectionnerait soigneusement ses invités.

Si vous avez la chance de faire partie des élus, apportez donc un souvenir à la rédaction. Une figurine articulée du mal absolu fera amplement l'affaire, le propriétaire en fabrique, paraît-il, de très belles.

Mesdames Wendy Wizard

Ce vendredi 7 mai, Wendy Dolorès Wizard, 52 ans, a eu le choc de sa vie en regagnant son domicile situé dans un quartier pavillonnaire et paisible de la banlieue de Serlingtown. Son témoignage est pour le moins troublant.

"Je suis arrivée chez moi au volant de ma voiture, mais celle-ci était déjà garée dans l'allée du garage. Même modèle, même couleur, mêmes plaques d'immatriculation. J'ai d'abord cru à un mauvais tour, mon mari travaille à la concession Ford en ville et c'est un sacré blagueur, mais pas au point de maquiller une voiture juste pour me faire une farce. Ce n'est qu'en m'approchant du véhicule garé dans l'allée, en caressant sa carrosserie, que j'ai vraiment pris conscience que quelque chose clochait, que ça ne pouvait pas être une farce. Cette voiture était trop parfaitement identique à la mienne, à la rayure près. J’ai dû me pincer pour être bien sûre que je ne rêvais pas. C'est à ce moment que cette dame est sortie de ma maison en furie, me hurlant de m'éloigner de sa voiture. Enfin, cette dame, en réalité c'est moi-même qui me hurlait dessus. J'avais face à moi ma parfaite reproduction, à la ride près."

Ce vendredi 7 mai, Wendy Dolorès Wizard, 52 ans, a eu le choc de sa vie depuis la fenêtre de son salon. Son témoignage est tout aussi troublant.

"Je venais enfin de me poser devant la télévision, me remettant doucement de mes émotions. Plus tôt dans la journée, j'avais échappé, je ne sais trop comment, à un accident de la route. Je suivais cette vieille voiture jaune, une Pacer je crois, non loin de Mount Varan, lorsqu’une sorte de tornade sombre est apparue devant nous sur la route. Nous avons été comme aspirés à l'intérieur, avant de ressortir de l'autre côté sains et saufs. Le conducteur de la voiture jaune a continué son chemin comme si de rien n'était, de mon côté j'ai dû m'arrêter sur le bas-côté pour reprendre mes esprits. Le ciel était parfaitement bleu, sans le moindre nuage, je me suis dit que j’avais dû avoir une hallucination, quelque chose comme ça. Et puis dans la soirée, il y a eu cette dame bizarre qui rôdait autour de ma voiture. Mon double parfait, à la ride près."

Les Doppelgängers ont été entendus par la police locale, l'enquête suit son cours.

Reflet

N'avez-vous jamais eu l'impression que votre reflet dans le miroir vivait sa propre vie ? Une vie juste assez différente de la vôtre, pour que vous ne puissiez y déceler que quelques anomalies furtives et troublantes. Pour beaucoup, ce ne sont là que des pensées fugaces et absurdes, mais pas pour Sam Murphy, un quadragénaire sans histoire qui soutient mordicus que son reflet agit de manière autonome.

"La première anomalie date de mars dernier, je crois. Alors que je me rasais la barbe devant le miroir de la salle de bain, j'ai remarqué que mon Reflet avait un léger temps de retard sur moi. C'était presque imperceptible, un décalage d'une demie-seconde tout au plus, comme celui d'un signal vidéo. Cela m'a néanmoins suffisamment perturbé pour que j'en parle à mon épouse. Nous avons mis ça sur le compte de la fatigue et du surmenage. Mais les choses ont rapidement dégénéré. Un matin, mon Reflet s'est mis à m'insulter copieusement, s'époumonant et gesticulant dans le silence du miroir. Il a rapidement pris l’habitude de m'attendre dans le miroir avant même que je n’arrive dans la salle de bain, un sourire malsain accroché au coin des lèvres. Lorsque j'appelais ma femme à l'aide, tout redevenait toujours parfaitement normal. C'était à devenir fou. Lors d'un repas de famille, je l'ai carrément vu retourner la table, puis fracasser le crâne de mon beau-père avec une batte de baseball, avant de se resservir tranquillement un verre de vin. La baie vitrée était comme un écran de cinéma dans lequel Il cédait à nos plus basses pulsions. Car aussi inavouable que cela puisse paraître, il y a une certaine satisfaction à le voir agir de la sorte, j'ai rêvé plus d'une fois de la décrocher du mur cette satanée batte de baseball, moi. Je crois qu'avec le temps, je me suis accommodé de ses frasques sanglantes, il m'arrive même d'en rire. Comme lorsque je le vois dans la vitrine d'un magasin, remontant la file d'attente dans laquelle je suis bloqué depuis près d'une heure, une tronçonneuse à la main. D'une certaine manière, mon Reflet a su me libérer de conventions sociales quelque peu encombrantes. Je pense être plus épanoui aujourd'hui. Sa violence aurait même tendance à m'apaiser, paradoxalement."

Nous n'aurions sans doute pas accordé autant d'importance à l’histoire de Sam Murphy si ce dernier ne vivait pas à Perfusion. Cette petite ville, paumée au beau milieu de la Satan Belt, qui fait couler au moins autant de sang que d'encre.


EAT OR HIT

More Horror ! More Blood ! More Action !